La Météorologie des nuages

  La ville d'Albert dans le nord de la France

 

 

 

Préface

 

J e me suis toujours étonné que la météorologie et la psychiatrie ne marchent pas main dans la main au cours de leurs recherches. État du ciel et état d'âme vont de pair depuis l'aube de l'humanité, et il serait peut-être aussi instructif de rechercher dans l'histoire de l'art et de la philosophie les influences climatiques que celles-ci ont subies, que de lire l'histoire du climat dans les anneaux de croissance des séquoias, ou à partir des dates des vendanges qui, on le sait, permettent d'identifier (sur quelques siècles à peine et très sommairement) le visage des saisons. L'être humain, au même titre que ses proches parents les animaux, ou les plantes, cousines plus ou moins éloignées, est soumis à tous les caprices et à toutes les fantaisies du temps qu'il fait. Combien de pathologie sont dépendantes des saisons, des changements de température, d'humidité, de pression atmosphérique, nous ne faisons à peine que l'entrevoir.

Notre vocabulaire quotidien reprend des termes ou des locutions inspirés par le climat : bonheur sans nuages, tempête sous un crâne, et jusqu'au "brainstorming" des Américains qui utilisent le procédé de brassage des idées dans toutes les directions comme font les cyclones avec les nuages. La pression atmosphérique affecte les cardiaques ou les asthmatiques selon qu'elle est basse ou élevée. Le tiers-monde crève de faim quand le ciel lui refuse ses nuages. Le nord-est du Brésil a connu une des plus grandes catastrophes écologiques de tous les temps, et par voie de conséquences, la politique et l'économie mondiale est étroitement dépendante des fantaisies de l'atmosphère. La C.E.E. met sur pied un programme qui permettra d'interdire à l'industrie de mettre sur le marché des produits dangereux pour l'équilibre de la haute atmosphère. Les fumées d'échappement de nos véhicules comme celles des cheminées d'usine mettent également en péril la nature de notre climat. L'apparition des autoroutes a entraîné des modifications dans les fréquences et la force des vents (le Mistral par exemple). Bref, il n'est pas un de nos moindres gestes, de nos pensées les plus fugaces qui ne soient soumis aux lois du climat et aux études qu'il nécessite. Jamais on n'insistera assez sur l'importance de la météorologie dans un monde où les ordinateurs prévoient à peu prés tout, saut d'humeur du temps qui déroutent les plus distingués spécialistes.

 

Nous avons domestiqué l'atome, envoyé des fusées sur la lune ou sur Mars, sondé le fond des océans, voyagé au cur de la matière, étudié le grand chantier de l'astrophysique. Mais nul ne peut jurer du temps qu'il fera demain, si les vacances seront gâchées par la pluie, ou la récolte détruite par la sécheresse. Cette évidence devrait nous rendre plus modestes et plus attentifs aux signes du ciel, comme l'étaient nos ancêtres, qui vivaient en étroite collaboration avec le climat et administraient leur vie et leurs travaux sous sa dépendance par des moyens empiriques qui n'étaient pas toujours faux.

 

La météorologie n'est pas que la science des phénomènes atmosphériques. Elle apparaît comme consubstantielle aux activités humaines, aux mécanismes qui régissent notre organisation, aux tribulations de notre psychisme.
Je m'imagine pas sans frémir un monde et une société où un homme en croiserait un autre dans une ville ou dans un chemin sans évoquer aussitôt l'état du ciel comme des milliards d'êtres humains le font tous les jours : il ne ferait pas bon vivre dans un monde aussi indifférent à lui-même que sont les malades mentaux. Ce serait sans saveur que les saisons passeraient, sans espoir que le matin se lèverait, sans significations que le temps qu'il fait accompagnerait le temps qui passe.

 


 

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